In the heat of the night

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The call usually wakes you up in the middle of profound sleep at night. In the excitement you just jump into yesterday’s clothes, put a fistful of film rolls in your pockets and dash out to the action scene with your camera at the ready. A fire is always very easy to locate: its phantasmagoric gleam guiding you like a lighthouse from kilometres away. However the dreams that can be induced by such a luminescent dome in the night sky are of very short duration. Indeed, once on site chaos reigns: deafening sound of flames, heavy cracks of collapsing structures, explosions making you jump, windows exploding under the heat, etc. A fire is far more terrifying because of its uproar than because of the images it throws at you. Firemen have to scream like damned souls in order to coordinate in this clamour.

As a photo-reporter for news stories, fires are the most aesthetic of all events to cover. They also are the most dangerous ones … To make good photography you have to get close to the flames, to follow the fire-fighters closely. However, as a journalist, you do not wear any fireproof suit nor a helmet, let alone an oxygen bottle on your back. Still, fascinated by the beauty of the event you go forward without pondering about the risks, only scared to have your film melt down inside the camera. The heat is so intense that your clothes literally burn into your skin. Your face is tensed. Your sweat instantly dries up … At these precise moments you realize the true meaning of the word “Hell.” And then there is the smoke. Dense, acrid, it grabs you by the throat, stings your eyes and messes up your sense of direction. The eye stuck to the viewfinder you try not to think about it and concentrate on only one thing: bring back good images for your newspaper!

Nevertheless, even if in an extreme situation, a reporter doesn’t really do anything compared to the work achieved by the firemen. They save lives! Indeed there are very often victims somewhere inside this inferno even if you have a tendency to forget about that in the spur of the moment. And the fire-fighters never hesitate to go further inside the blazing buildings on the verge of collapsing to try and get them out to safety. Amongst the whole range of their interventions they will all tell that fires are the most motivating. Adrenalin rush, one has to push oneself to the limits, techniques and strategy … The fight can last for hours, sometimes until exhaustion …

At dawn, when the last charcoal smokes in a morbid way, the firemen search for corpses in the remains of destroyed buildings. The pressure of passed actions is wearing down but a sinister atmosphere gets hold of the place. The men who fought the hardest are resting, sat on the ground, head down. They share a bottle of water with you, share a few words to put their mind away from it. You, you get back to your car and drive as fast as possible to the newspapers’ office. With your head full of images and your face dirty you cross fingers, hoping your pictures will be good enough for publication. When back home you take a shower in a vain attempt to wash out the odour of burned wood and plastic that impregnate your whole body. Once in bed you only wish that the phone would not ring again before a few hours, forcing you to rush to another drama.

L’appel tombe en général en pleine nuit, alors que vous dormez profondément. Pris par l’excitation, vous enfilez vos vêtements de la veille, bourrez vos poches de pellicules et foncez sur les lieux du drame avec votre appareil photo. L’incendie est toujours simple à localiser. La fantasmagorique lueur qu’il dégage à des kilomètres à la ronde vous guide tel un phare dans la nuit. Mais la rêverie que provoque ce dôme coloré dans le ciel nocturne est de courte durée. Une fois sur place, c’est le chaos qui règne : assourdissant bruit des flammes, craquements sourds des structures qui s’effondrent, explosions qui vous font sursauter, vitres qui éclatent sous l’effet de la chaleur, etc. L’ambiance sonore dégagée par un incendie est finalement bien plus terrifiante que les images qu’il vous impose. A tel point que les pompiers hurlent comme des damnés pour arriver à se coordonner au mieux…

De tous les « faits-divers » qu’un Reporter-photographe peut être amener à couvrir, les incendies sont sans aucun doute les plus esthétiques. Mais ils sont aussi les plus dangereux… Pour faire de bonnes images, il faut se rapprocher au plus près des flammes, faire corps avec les soldats du feu. Mais en tant que journaliste, vous n’avez ni combinaison ignifugée, ni casque et encore mois une bouteille d’oxygène sur le dos. Pourtant, fasciné par la cruelle beauté de l’événement, vous avancez malgré tout sans prendre gare aux dangers. Votre seule crainte est que votre film fonde à l’intérieur de votre boitier. La chaleur est telle que vos vêtements vous brûlent la peau. Votre visage se tend, votre sueur s’évapore instantanément… C’est dans ces moments là que vous prenez pleinement conscience de ce que signifie la notion d’enfer. Sans parler de cette fumée qui s’imprègne par tous les pores de votre peau. Dense, âcre, elle vous prend à la gorge, vous pique les yeux et vous fait parfois perdre tout sens de l’orientation. Mais l’œil derrière votre objectif, vous tentez de ne pas y penser. La seule chose qui compte : ramener de bonnes images pour votre journal !

Bien qu’en situation extrême, le journaliste ne fait finalement que bien peu de choses face au travail des sapeurs pompiers. Eux, ils sauvent des vies ! Car même si on a tendance à en faire abstraction sur le moment, il y a bien souvent des victimes dans ces brasiers. Et les pompiers n’hésitent pas une seule seconde à s’enfoncer dans les bâtiments en flammes prêt à s’effondrer pour les sortir de là. De toutes leurs interventions, tous vous dirons que de lutter contre le feu est ce qui les motivent le plus. Montée d’adrénaline, dépassement de soi, stratégie et technique, le combat peut durer des heures, parfois même jusqu’à épuisement…

A l’aube, alors que les dernières braises s’éteignent par elle même dans une fumée morbide, les pompiers cherchent d’éventuels cadavres enfouis sous les décombres. La pression de l’action retombe mais une sinistre ambiance s’empare des lieux. Les hommes qui ont le plus lutté se reposent enfin, assis par terre, la tête basse. Ils partagent une bouteille d’eau avec vous, échangent quelques paroles pour tenter de penser à autre chose. De votre côté, vous finissez par remonter dans votre voiture et vous foncez à la rédaction de votre journal. Des images pleins la tête et le visage crasseux, vous croisez les doigts pour que vos images soient publiables. Puis de retour à la maison, vous prenez une douche pour tenter en vain d’effacer l’odeur si particulière de bois brûlé et de plastique fondu qui s’est imprégnée en vous. Une fois dans votre lit, vous n’espérez alors qu’une chose : que le téléphone ne résonne pas avant quelques heures pour vous obliger à repartir sur un nouveau drame…