Timeline, portraits de nos mémoires…

Flyer_Timeline-v0.2-web

On September, 7th 2012 : the second collective exhibition of BOP, named “Timeline, portraits of our memories” took place at Fort Barraux, near Chambery, France during the 3rd 2012 exhibition of Artis association (BOP being presented as guest).

This second collective exhibition will gather five members of BOP: Jean-François Boujut, Arnaud De Grave, Chris Huby, Barthélémy Longueville et Arnaud Thurel. Each photographer has prepare a set of portraits based on a personal interpretation of the concept of memory and remembering of personal and historical events.

The opening will be held Friday the 7th of September 2012, 6PM. The exhibition will last until September 23rd, Saturdays and Sundays from 2PM to 6PM. This exhibition is supported by by association Artis and the joint local authority committee of Grésivaudant (“Communauté de commune du Grésivaudan”)

Photographers : Association BOP : Jean-François Boujut, Arnaud De Grave, Chris Huby, Barthélémy Longueville et Arnaud Thurel

Dates : 7th to 23rd of September 2012, on Saturdays and Sundays from 14h00 to 18h00

Opening : Friday 7th September 2012, 18h

Address : Fort Baraux, 38530 BARRAUX, FRANCE

Jean-François Boujut

Timeline est un projet collectif. C’est une motivation importante pour moi car la pratique photographique est un art solitaire et pour une fois nos efforts ont été coordonnés autour d’un projet de création. J’ai pour ma part opté pour un format carré, plus exigeant mais se prêtant bien à l’exercice. J’ai proposé à mes modèles de choisir des lieux qui leurs sont familiers, là où ils se sentent bien, où ils vivent, où ils travaillent. La proposition de départ était très simple : un portrait, tels qu’ils sont, là, à cet instant précis. Un moment de vie ordinaire dans sa plus grande banalité. Les lieux choisis offraient des conditions de lumière difficiles pour la plupart du fait de ce parti pris. C’est un exercice que j’aime particulièrement. Les faibles lumières révèlent souvent des formes et des dynamiques insoupçonnées lors de la prise de vue, exacerbant des cotés dramatiques le plus souvent. Tout ceci n’est pas très académique, techniquement hasardeux et souvent à la limite acceptable de netteté. Le léger flou apporte de la rondeur. Là ou l’hyper netteté donne du tranchant et coupe les lignes, le flou harmonise et relie les nuances en apaisant les contrastes ; C’est une question de goût.

Mais un portait n’est jamais anodin. Celui qui pose s’expose au regard de l’autre, accepte de laisser fixer quelque chose de lui-même et qui dès lors lui échappe. Quoi de plus intime que sa propre image, celle que l’on renvoie, celle que l’on souhaite renvoyer, celle que l’autre reçoit… Le plus difficile n’est pas de cadrer, de mesurer, de régler… Le plus difficile est de construire avec le modèle une relation particulière faite de confiance telle que la personne accepte de donner un peu de son temps et un bout de quelque chose d’elle-même. C’est très précieux et très fragile. C’est la beauté du portrait et la difficulté de l’exercice… Un sujet jamais épuisé tant la diversité de la nature humaine est infinie…

Arnaud De Grave

Pour ce projet j’ai choisi d’ajouter à la dichotomie mémoire personnelle et mémoire historique un élément sociologique : les planteurs canadiens. Pas n’importe quels planteurs, les planteurs expérimentés pour qui cette activité a dépassé le job étudiant d’été. C’est un groupe compact et très liés, les planteurs se connaissent depuis relativement longtemps même si le travail reste saisonnier. De la même façon, le directeur de l’entreprise et la contremaître travaillent ensemble depuis de nombreuses années, ainsi qu’avec le même groupe de planteurs… C’est un groupe intéressant car peuplé de gens un peu marginaux, qui passent une grosse partie de leur année dans la nature dans des endroits reculés, seuls durant leurs heures de travail mais souvent en espaces restreints lors des moments de détente (motels, bateaux, etc.) J’ai donc choisi d’ajouter aux questions historiques et personnelles un peu de renseignement sur leur histoire de planteurs : depuis combien d’années ont-ils été impliqués dans ce métier et quelles sont (brièvement) leurs motivations. De plus ce groupe est quasi-exclusivement constitué de Canadiens (sauf le patron, Suisse, mais ayant émigré depuis de nombreuses années) et leur point de vue sur l’histoire reflète cette dimension géographique.

D’un point de vue photographique j’ai opté pour un portrait de face plein cadre au moyen format (Hasselblad 500CM, 80mm 2.8 avec bague allonge courte) et surtout une prise de vue sur le terrain, en fin de journée : peu de lumière donc, souvent de la pluie, des visages marqués par les quelques huit heures d’un travail physique intense, dans la boue ou la poussière. Il en résulte des portraits pas toujours très nets, emprunts de fatigue.

Je remercie tous les planteurs et Roland Emery, patron de l’entreprise BivouacWest, pour avoir permis à un pied-tendre de les accompagner trois semaines durant, et de ne pas m’avoir lynché haut et court…

Chris Huby

Découvrir les femmes de Palestine, c’est découvrir le vrai visage du pays. « Ce sont les plus courageuses du monde », affirme Fawziya, « avec tout ce que nous vivons au quotidien depuis plus de 60 ans, nous sommes devenues extrêmement fortes ! ».

Maris tués, enfants tabassés, martyrs dans la famille, réfugiées, incarcérées pour certaines, elles vivent l’histoire du territoire au rythme des drames et des injustices qui s’y déroulent quotidiennement.

Depuis 1948 et la création d’Israël, les 4 générations de femmes de Palestine ont été obligées de vivre autrement. Dans le combat ou discrètement, voilées ou non, directement concernées par le conflit ou loin des affrontements, il s’agît d’existences mal connues et mal perçues.

J’ai décidé de faire ce travail au travers des différents voyages que j’ai été amené à faire en Israël et Palestine. Mon premier date de fin 2011, je devais couvrir la demande de la reconnaissance du territoire palestinien à l’ONU le 23 septembre. Autour des différents événements, j’ai été particulièrement touché par l’histoire et ses conséquences individuelles. Collaborant beaucoup avec Médecins Sans Frontières (MSF) sur les cas extrêmes, j’ai pu facilement accéder aux individus et aux familles dans des coins isolés et retranchés. Très vite je me suis focalisé sur le sujet des femmes, premières victimes du conflit entre les deux territoires. Le portrait étant l’une de mes grandes spécialités, j’en ai donc ramené quelques centaines.

Quand l’association BOP a ouvert la piste du TIMELINE, l’évidence a été que je ramène immédiatement le travail que j’étais en train de fournir à mon agence. En outre, depuis le début de l’année 2012 je prépare avec NONAME et SAYA un documentaire sur les femmes palestiniennes, occasion idéale pour y retourner régulièrement et creuser le sujet. Les questions étaient déjà posées, il ne manquait plus que le choix global pour l’exposition.

Via cette exposition j’ai essayé de faire un « résumé » de la situation locale, des anciennes générations aux plus jeunes, des réfugiés aux Intifada en passant par la Guerre des Six Jours tout en mettant en avant les histoires perdues dans des villages oubliés. Proches ou lointains, les portraits restent à mon sens le meilleur témoignage possible sur un conflit qui ne cesse de durer.

Barthélémy Longueville

Comment photographier le souvenir, la mémoire ? C’est par cette interrogation qu’à débuté le projet Timeline. S’il est facile de restituer les marques du temps ou la jeunesse d’un visage, il semble impossible de saisir l’intimité des souvenirs que porte un proche, un inconnu. La mémoire est par définition invisible et souvent indicible. C’est néanmoins avec enthousiasme et curiosité que je me suis lancé ; vivant en Chine, le pays ayant connu tant de rebondissements ces cent dernières années, il serait forcément passionnant de parcourir avec mes modèles leurs souvenirs. J’ai choisi de travailler avec des proches, des rencontres et des inconnus, tous chinois, de Chine continentale, de Taïwan ou de Hong Kong, vivant à Shanghai et de les photographier dans un environnement familier. Il est important pour moi de pouvoir également conter l’histoire de chaque photographie, ces petits événements font maintenant partie de ma mémoire.

Ces portraits seront construit « en contexte », cette approche m’est chère car elle ne sépare pas l’homme de son environnement. Ensuite par un léger angle et l’absence de regard direct, j’ai voulu donner une dimension à l’arrière du corps, pour matérialiser le passé ; le visage, le regard se trouvant alors comme à une croisée de chemins entre la mémoire et l’avenir. Pour le reste, c’est la magie de la photographie, ce cent vingt-cinquième de seconde qui fige une expression que l’on ne découvre parfois qu’au développement.

J’ai opté pour un boîtier moyen format (Mamiya 7II) avec un objectif grand angle (65mm f4) permettant de photographier d’assez prêt afin de conserver de l’intimité avec le sujet tout en ayant assez d’angle de vue pour capturer l’environnement et le contexte de la photo. J’ai choisi un film noir et blanc, Ilford HP5+ 400 ISO. Une grande partie des portraits on été réalisé entre juin et août 2012, dans une grande variété de lieux. Le choix du noir et blanc est pour moi fondamental pour limiter les variations de rendu et pouvoir travailler en lumière naturelle aussi bien en intérieur comme en extérieur. Par ailleurs, le noir et blanc permet de s’affranchir des interprétations des couleurs très différentes suivant les cultures.

Je remercie les personnes que vous découvrez aujourd’hui sur ces portraits, proches ou inconnus, ils ont tous accepté cette expérience avec intérêt et on permis de partager avec nous, une part de ce qui leur est le plus précieux, leurs mémoire et souvenirs.

Contact : longwei66@gmail.com

Arnaud Thurel

L’Histoire avec un grand H telle qu’on se la représente est étonnamment « commune », de par l’apprentissage qu’on en a eu étant enfant, par les livres d’école que tous nous avons étudiés. Et pourtant, le cœur de cette exposition nous montre que si chacun de nous se pose la question intimement – et c’est encore plus vrai si on parle de l’Histoire récente – alors la variété des réponses résonne avec la variété des histoires personnelles. D’où l’intérêt des deux questions posées à toutes ces personnes photographiées.

Les portraits présentés ici montrent des amis, connaissances, amis de connaissances, connaissances d’amis, inconnus…

Chaque personne a accepté d’être prise en photos « chez lui » ou « chez elle », c’est à dire dans son environnement quotidien. Une chambre pour l’une, un bureau pour un autre, une cuisine pour encore quelqu’un d’autre. L’univers personnel, dévoilé discrètement dans le flou des fonds, nous confronte aux réponses personnelles données. Mais quel lien y retrouvons-nous ?

La réponse à la question historique se mêle parfois à la réponse à la question personnelle. Souvent, les souvenirs de l’adolescence ressortent, tandis que les naissances, décès et déchirures liées aux départs reviennent en nombre.

J’ai voulu montrer ces personnes de face, le regard sérieux, l’attitude posée. Elles ont été prises avec une chambre photographique grand format, dont les qualités optiques rendent compte des moindres détails des visages. Le décor familier des intérieurs, mis en opposition avec les attitudes des sujets renforce l’idée d’une réflexion autour des questions posées.

Merci à mes sujets pour avoir accepté ces prises de vue.

Contact :anaud.thurem@gmail.com