C’est un Japon assez insolite que nous propose Arnaud Thurel. On y trouve des paysages urbains quasiment dénués d’êtres vivants où les marqueurs typiques du Japon sont absent. On s’éloigne de l’image que l’on se fait de ce pays pour se plonger dans ce qui fait en partie la ville moderne. Arnaud Thurel nous montre une face immuable de la ville façonnée par les matériaux qu’on y retrouve partout dans les citées développées : Béton, trottoirs, bitume, automobiles, vélos, … On aurait pu s’attendre à des foules compactes, des forêts de parapluies, des embouteillages monstres, des centre ville hystériques. On aurait pu encore imaginer voir des temples et des jardins verdoyants, des décors minéraux taillés au cordeau et travaillés comme des sculptures horizontales, ou encore des arbres flamboyants sous un soleil d’automne. Rien de tout cela dans les images d’Arnaud qui, fidèle à lui même, nous livre nue la réalité sans fard des paysages urbanisés périphériques. Dans ces lieux l’homme passe mais ne s’attarde pas. Il n’y a rien à voir, rien à faire, ce sont des micro no mans lands, des interstices ou il ne fait pas bon séjourner. Ne peut s’y attarder que celui qui n’a pas peur du vide ou d’entendre battre son coeur dans ce moment si particulier, au sommet de la courbe quand la force de la gravité est compensée par celle de l’inertie de la descente, là tout est suspendu et rien ne bouge. Ces photo me font penser à ces instants précis, des virgules de la vie, des ponctuations de l’espace temps. Ce sont des images méditatives et entêtantes. Un voyage pas toujours confortable, mais toujours enrichissant. Mais alors pourquoi être allé au Japon pour prendre ces clichés ? Je laisse le lecteur méditer cette question en regardant les images.
Arnaud Thurel presents a rather unusual view of Japan in this exhibition. He depicts an urban landscape almost totally devoid of human beings, where the typical Japanese landmarks are absent. Thus, we are drifting away from our usual preconceptions of this country and diving into what makes a modern city. Arnaud presents an immutable view of the quintessential city, built on materials ubiquitous in developed country towns: concrete, sidewalks, streets, cars, bicycles… We were ready to witness large compact crowds, forests of umbrellas, traffic jams of epic proportions, a hysterical downtown atmosphere. We were waiting for temples and lush green gardens, geometrically perfect zen stone gardens carved as horizontal sculptures, or perhaps, shining trees bathed in an autumn sunlight. But Arnaud, as usual, does not deliver any of that. He instead delivers the crude reality of suburban landscapes. Human beings only pass through these places, never stopping. There is nothing to see, nothing to do; these places are micro no man’slands, small cracks in which it is not too nice to loiter. Only one who is not afraid of the big emptyness, one who is not afraid of hearing one’s own heart beats, can linger there. There, where and when nothing moves, at the top of the ballistic curve where gravity is totally compensated by inertia, where and when everything is suspended. These photographs remind me of these precise moments, life commas, punctuation of time and space. They are heady images leading to meditation. They bring you along for a trip that is not always comfortable but always enriching. However, why would one go to Japan to take these pictures? This is a question upon which I let the viewer meditate while viewing the exhibition…